« Pour construire l’Europe, il faut reconstruire son histoire »

A l’approche des élections européennes, un collectif de plus de 100 historiens déplore, dans une tribune au « Monde », la tendance à enfermer le continent dans un grand récit au service d’une homogénéité factice.
 
A la veille des élections du Parlement européen, le sentiment d’une perte de sens de l’Union européenne taraude les opinions. Nous, historiens et citoyens d’Europe et d’ailleurs, constatons le délitement d’un projet porté par une utopie qui touche aujourd’hui à ses limites : utopie téléologique qui relisait l’histoire millénaire de l’Europe à la lumière de la construction européenne ; utopie providentialiste qui vouait l’Europe à une irréversible unité, au mépris des pays restés en marge ; utopie paternaliste qui faisait de la construction européenne une fin de l’histoire. Aujourd’hui, après bien d’autres crises, le Brexit nous force à reconnaître que le projet européen n’est plus irréversible. Il est même en grave danger.