En Russie, Kant est trop allemand

L’aéroport de Kaliningrad ne portera pas le nom du philosophe allemand, pourtant plébiscité par les habitants. Né dans cette ville avant qu’elle passe dans le giron soviétique, il a été taxé de russophobe.
Un « traître ». Un « russophobe ». Un « ennemi ». Dans sa ville natale – qui se nommait Königsberg au temps de son appartenance à la Prusse-Orientale, avant de passer dans le giron soviétique, en 1945, et d’être rebaptisée Kaliningrad –, Emmanuel Kant vit de drôles d’heures. Le philosophe allemand (1724-1804) est subitement devenu la cible d’une bouffée délirante de nationalisme. Ou comment la phobie anti-occidentale, entretenue par les autorités et les médias pro-pouvoir en Russie, finit même par atteindre l’auteur de la Critique de la raison pure